Cette année, la traditionnelle journée d’intégration de l’ISCAE a rassemblé 200 étudiants de toutes les…
Retour sur les Rencontres de l’ISCAE #8 avec Luc Ferry
Pour cette dernière édition de l’année 2023, l’équipe organisatrice des Rencontres a frappé un grand coup en invitant le célèbre philosophe et écrivain, Luc Ferry, à nous interroger sur le bonheur et notre comportement face à lui. Un moment hors du temps qui nous permet, encore une fois, de nous questionner sur les grandes mutations de notre société. Retrouvez dans cet article les principales idées développées par le philosophe ce soir-là.
Pourquoi sommes-nous passés du bonheur différé au bonheur immédiat ?
Devant une salle comble composée d’un peu plus de 160 personnes, l’ancien ministre de l’Education a montré comment notre société a évolué dans son rapport au bonheur et a expliqué les causes de tout cela.
Selon Luc Ferry, l’effondrement des grandes religions terrestre (le communisme) et céleste (le catholicisme) a provoqué une recherche du bonheur immédiat alors que celles-ci promettaient un bonheur dans l’après. : “ Avant, le bonheur était dans l’après. Après l’école, les vacances, après le travail, la retraite, après la révolution, le bonheur, après la mort, le paradis, etc. Puisque désormais, il n’y a plus la promesse d’une seconde vie où on accède au bonheur éternel, autant être heureux ici et maintenant. On veut du bonheur tout de suite. ”
D’où le succès des livres de développement personnel et de psychologie positive qui pullulent en librairie : “ Ceux qui vous promettent un bonheur immédiat en 15 leçons et qui encouragent le narcissisme en faisant croire que le bonheur dépend de soi.”. Cette recherche frénétique du bonheur personnel a encouragé la société à être plus individualiste et narcissique.
Le confinement comme accélérateur de la quête du bonheur immédiat
Durant la première demi-heure, le philosophe a relié le phénomène de grande démission à la recherche du bonheur immédiat. “ Si je n’ai qu’une vie, pourquoi la passer à me fatiguer à bosser, à la gâcher en travaillant péniblement ? On ne travaille plus pour du bonheur différé, on veut du bonheur tout de suite d’où l’envie de moins travailler.”.
Ce sentiment, bon nombre de travailleurs l’ont éprouvé durant la pandémie, car le confinement représentait une rupture surréaliste dans la quotidienneté. Une rupture qui a libéré du temps pour se poser des questions philosophiques sur :
- le bonheur,
- la manière de profiter de la vie et de ses proches,
- le sens du travail.
Qu’est-ce que le bonheur ?
Luc Ferry a fini sa prise de parole en donnant sa définition du bonheur. L’un des sujets phares de la philosophie.
Selon lui, il est indéfinissable, éphémère et fragile. A contrario le malheur peut se définir, car “on sait tous ce que c’est : une rupture amoureuse difficile, la perte d’un être cher, une maladie incurable, etc.” Ainsi, le bonheur ne dépend pas seulement de notre état intérieur “ sauf si on est narcissique. Il dépend de la vie, de l’amour, des autres, des êtres chers. Finalement le bonheur, c’est la possibilité de la joie. C’est quand on se réveille le matin et qu’on sait qu’on peut être joyeux.”– explique l’écrivain.
Cette fin de conférence a questionné le public sur sa propre définition du bonheur et sur le sens qu’il donne à sa propre existence.
Vous n’avez pas pu assister aux Rencontres #8 ? Retrouvez le passionnant discours de Luc Ferry en visionnant cette vidéo.
En attendant le neuvième épisode, nous vous invitons à (re)voir les précédentes conférences de nos invités de prestige.